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Retour au challenge: Un tableau, une histoire
Toile N°3
Doris m’attend sur la place. Pomponnée comme un dimanche, pour aller à la messe. Décidément, ma sœur sera toujours en décalage. Je gare ma caisse, au moment où je vois le Shérif débarquer avec un chien en laisse. Moi, les mecs qui font la loi, je reste à distance. J’attends. Mais ça discute ! Je vois Doris faire non de la tête. Stupeur ! Le Shérif lui refile la laisse et la plante là avec le clébard.
Elle rejoint mon vieux van déglingué . Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? Je ne suis pas spécialement de bonne humeur. Déjà que cette tante Honor , j’lai vue qu’une fois, qu’aller vider sa cambuse dans le fond de l’Iowa, ça me coûte une partie de chasse avec mes potes, alors un chien version chihuahua qui ne vaut rien pour les queues blanches et les dindons, on ne me la fait pas.
- C’est quoi c’t’engeance ?
Sourire crispé de ma sœur:
-C’est Rosie.
Je m’étouffe avec mon cigare. Le morpion me montre les dents. Si petit, mais féroce.
-Le chien d’Honor. Elle l’avait confié au Shérif.
-Ben ! Tu lui redonneras au retour, son clébard. C’était pas spécifié dans l’héritage . Bien assez de se farcir tous ses édredons de mes deux à distribuer aux Amish. J’vais te dire, sœurette moi, l’art du patchwork, j’m’en balance. Y’a que le pactole qui m’intéresse, j’suis pas attaché aux souvenirs.
Soudain, je louche sur le collier de la Rosie qui porte un drôle de cabochon. Un camée ! J’en crois pas mes yeux. Un coup d’œil en douce à Doris et je me promets de coincer le molosse dans un coin dès notre arrivée.
La maison se pointe enfin au bout du chemin. Mon œil de gars du terroir photographie tout de suite sa valeur immobilière. La vieille Honor, elle avait tout de même des goûts de bourgeoise dans sa cambrousse. Louer une baraque qui ressemble à une église gothique, toute en blanc comme une communiante. J’accélère, Doris se cramponne à Rosie, solidarité féminine oblige.
Nous ouvrons toutes les fenêtres et nous mettons au travail. Vider les tiroirs, les armoires. Virer les rideaux , la vaisselle , les tapis. Pas de quartier, je finis par allumer un grand feu dans le jardin.
Doris a perdu de sa superbe, maquillage et cheveux défaits, elle a fini par ôter ses escarpins. Affalée dans la vieille bergère qu’elle souhaite garder et qu’il faudra que je me coltine à caser dans le van, elle trie une pile de paperasses.
-Eh ! Ben frérot, la tante , elle manquait pas d’air. Regarde ce que je viens de trouver dans la Gazette de Cedar Rapids . Et elle me lit :
- Une fermière en colère menace de lui arracher l’oreille avec les dents.
-Ouais, y’a des toquées partout.
-C’est la tante Honor, que j’te dis !
-L’oreille de qui d’abord ?
-Un type qui s’appelle Wood. Même qu’il lui a écrit.
Alors qu’elle lit la lettre, je l’entends qui murmure :
-Quoi ? Il lui donne…Ben ça, alors !
Je m’impatiente :
-Bon, on y va.
-On n’a pas fait le grenier !
En râlant, je la suis et tombe sur le cul face au spectacle. Des chevalets, des croûtes partout. La tante tâtait du pinceau.
-Elle était douée. Regarde !
Doris me montre une toile. Un gars pose avec une fourche à côté d’une femme à l’air pincé.
Moi, j’y connais rien. Alors je l’écoute.
-J’comprends tout, maintenant !
Elle me met la lettre sous le nez :
-On est riche, frérot ! Le Wood, il lui a légué la maison pour qu’elle se taise. C’est Honor qui a peint ce tableau, il n’a fait qu’une copie.
Je scrute les deux faces de rats et je le vois. Le camée. C’est le moment que choisit Rosie pour me chiquer le mollet.
Doris m’attend sur la place. Pomponnée comme un dimanche, pour aller à la messe. Décidément, ma sœur sera toujours en décalage. Je gare ma caisse, au moment où je vois le Shérif débarquer avec un chien en laisse. Moi, les mecs qui font la loi, je reste à distance. J’attends. Mais ça discute ! Je vois Doris faire non de la tête. Stupeur ! Le Shérif lui refile la laisse et la plante là avec le clébard.
Elle rejoint mon vieux van déglingué . Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? Je ne suis pas spécialement de bonne humeur. Déjà que cette tante Honor , j’lai vue qu’une fois, qu’aller vider sa cambuse dans le fond de l’Iowa, ça me coûte une partie de chasse avec mes potes, alors un chien version chihuahua qui ne vaut rien pour les queues blanches et les dindons, on ne me la fait pas.
- C’est quoi c’t’engeance ?
Sourire crispé de ma sœur:
-C’est Rosie.
Je m’étouffe avec mon cigare. Le morpion me montre les dents. Si petit, mais féroce.
-Le chien d’Honor. Elle l’avait confié au Shérif.
-Ben ! Tu lui redonneras au retour, son clébard. C’était pas spécifié dans l’héritage . Bien assez de se farcir tous ses édredons de mes deux à distribuer aux Amish. J’vais te dire, sœurette moi, l’art du patchwork, j’m’en balance. Y’a que le pactole qui m’intéresse, j’suis pas attaché aux souvenirs.
Soudain, je louche sur le collier de la Rosie qui porte un drôle de cabochon. Un camée ! J’en crois pas mes yeux. Un coup d’œil en douce à Doris et je me promets de coincer le molosse dans un coin dès notre arrivée.
La maison se pointe enfin au bout du chemin. Mon œil de gars du terroir photographie tout de suite sa valeur immobilière. La vieille Honor, elle avait tout de même des goûts de bourgeoise dans sa cambrousse. Louer une baraque qui ressemble à une église gothique, toute en blanc comme une communiante. J’accélère, Doris se cramponne à Rosie, solidarité féminine oblige.
Nous ouvrons toutes les fenêtres et nous mettons au travail. Vider les tiroirs, les armoires. Virer les rideaux , la vaisselle , les tapis. Pas de quartier, je finis par allumer un grand feu dans le jardin.
Doris a perdu de sa superbe, maquillage et cheveux défaits, elle a fini par ôter ses escarpins. Affalée dans la vieille bergère qu’elle souhaite garder et qu’il faudra que je me coltine à caser dans le van, elle trie une pile de paperasses.
-Eh ! Ben frérot, la tante , elle manquait pas d’air. Regarde ce que je viens de trouver dans la Gazette de Cedar Rapids . Et elle me lit :
- Une fermière en colère menace de lui arracher l’oreille avec les dents.
-Ouais, y’a des toquées partout.
-C’est la tante Honor, que j’te dis !
-L’oreille de qui d’abord ?
-Un type qui s’appelle Wood. Même qu’il lui a écrit.
Alors qu’elle lit la lettre, je l’entends qui murmure :
-Quoi ? Il lui donne…Ben ça, alors !
Je m’impatiente :
-Bon, on y va.
-On n’a pas fait le grenier !
En râlant, je la suis et tombe sur le cul face au spectacle. Des chevalets, des croûtes partout. La tante tâtait du pinceau.
-Elle était douée. Regarde !
Doris me montre une toile. Un gars pose avec une fourche à côté d’une femme à l’air pincé.
Moi, j’y connais rien. Alors je l’écoute.
-J’comprends tout, maintenant !
Elle me met la lettre sous le nez :
-On est riche, frérot ! Le Wood, il lui a légué la maison pour qu’elle se taise. C’est Honor qui a peint ce tableau, il n’a fait qu’une copie.
Je scrute les deux faces de rats et je le vois. Le camée. C’est le moment que choisit Rosie pour me chiquer le mollet.
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25/02/2024 14:34
Voilà qui mérite un procès !!!
11/02/2024 18:54
Belle imagination!
07/02/2024 19:30
Revisité et rythmé
07/02/2024 19:09
Voilà une version très originale et un style très vivant ou devrais-je dire mordant 🤪
07/02/2024 14:42
Très sympa, belle idée !
07/02/2024 13:59
Sympa à lire ! 👍
07/02/2024 13:48
Quelle imagination! 😂👍